Le Vieil Homme et la Mer

Date : 1952
Auteur : Ernest Hemingway
Courant : Nouvelle
Editions utilisée : Folio
Traduction : Jean Dutourd

Pour retrouver le livre c’est ici : Le Vieil Homme et la Mer d’Ernest Hemingway (Folio)

Critique du Vieil homme et de la mer

Je dois la lecture de ce livre à une après-midi, où, curieux, je suis allé dans ces librairies indépendantes où l’on se demande si ce sont les piles de livres qui soutiennent les murs ou l’inverse. Le genre de capharnaüm où l’on peut rencontrer du Bloy, du Nothomb et de vieilles éditions illustrées de Jules Verne sur les mêmes étagères.

Je l’ai trouvé là, dans les livres de poche, mon édition des années 70 qui a encore le nom d’une précédente propriétaire. Ce genre de livre qui a encore les traces de doigts. L’âge du livre donne d’ailleurs d’autant plus de portée au récit, car l’histoire nous parle d’un vieil homme. A l’époque du récit, on était un vieil homme quand on approchait de la soixantaine, dans les années 40.

Tout d’abord, je vous conseille de faire la lecture de ce court récit d’une traite, il fait moins de 150 pages, vous devriez le terminer en une après-midi. Pourquoi le lire d’une traite ? Parce que la grande partie de ce livre est tournée autour d’un combat et d’une âpre victoire.

Le vieil homme vit pauvrement dans une cabane et il a la guigne, il n’a pas pêché un poisson depuis 85 jours. Il avait un gamin, Manolin, qui l’aidait à la pêche, mais ses parents l’ont obligé à aller sur d’autres navires plus chanceux. Et le gamin qui ne renie pas son ancien ami vient le voir tous les jours, et soutient ce malchanceux vieil homme.

Comme tous les jours, le vieil homme va réveiller le jeune garçon, puis il va prendre la mer en portant son mât de chez lui à sa barque tel Jésus portant sa croix. Je ne peux d’ailleurs pas exclure cette image, le vieil homme porte sur son dos son propre fardeau, sa propre peine, car il souffre de faire la même chose chaque jour en sachant pertinemment qu’il ne ramènera rien. Et il le dit lui-même, la mer le fait autant vivre qu’elle ne le tue.

Puis en ce 85e jour de malchance, il sent une prise, une grosse prise. S’en suit alors un combat de l’homme contre la mer, contre la Nature. Un Marlin magnifique qui va tirer sa barque durant trois jours sans se fatiguer. Le combat d’un vieil homme qui deux nuits et trois jours va tenter de gagner durement quelques centimètres de ligne au fur et à mesure. Le vieil homme, déshydraté, éreinté, sans nourriture va après une dure lutte tuer l’animal qu’il s’est mis à respecter.

Il a plusieurs raisons de tuer l’animal qu’il a commencé à appeler « mon frère » :

  • Le marlin doit approcher de la tonne et pourra nourrir de nombreuses familles.
  • Il va pouvoir en tirer un très bon prix au marché et vivre de sa pêche.
  • Il souhaite prouver à son village qu’il n’est pas malchanceux et qu’on peut se créer sa propre chance.
  • Il aimerait que le jeune Manolin revienne travailler avec lui, il se plaint de nombreuses fois de l’aide qu’aurait pu lui apporter le garçon durant le combat.
  • C’est sa « mission » de pêcheur de tuer l’animal, il ne le fait pas pour le plaisir, il doit le faire parce qu’il est conditionné pour le faire. Il n’a fait que ça durant sa vie, du golfe de Guinée à Cuba, sa vie ne se résume qu’à la pêche.

Après le combat, l’homme aurait dû célébrer sa victoire, mais il se rend compte que ses ambitions ont dépassé la taille de son petit navire. Le Marlin est si grand qu’il doit l’accrocher le long de la coque et on peut même se demander si c’est le bateau qui entraîne le Marlin ou l’inverse.

Comme souvent, après une si belle victoire, viennent ceux qui vivent du fruit des autres. Au départ, c’est un requin solitaire, un requin Mako qui arrache une belle pièce de l’arrière du bateau, mais le vieil homme ne se laisse pas faire et démarre une nouvelle bataille, celle de la défense du fruit de son labeur. Il tue le Mako avec son harpon, mais le perd dans le mouvement.

Après un bref répit, c’est alors un groupe de Galanos, des requins à museau en spatule, veules, lâches et vils que le vieil homme ne respecte pas. Il tente de les taper avec son couteau et une rame, mais il casse son matériel. Une fois la nuit tombée et alors qu’il ne reste plus grand-chose de son trophée, il doit prendre la barre et taper avec sur les requins qui continuent de boulotter ce qu’il reste de sa lutte et de son ancien adversaire.

Arrivée au village, après des heures de navigation et alors que le vieil homme avait été entraîné très loin en mer, loin de ses lieux de pêches habituels, il ne reste plus que l’arrête centrale et la tête de son trophée. Le vieil homme dépité et éreinté s’en va avec de nouveau son mât en sa cabane pour s’effondrer de sommeil.

Durant un sommeil où il rêve encore des lions sur les plages africaines de sa jeunesse au soleil couchant, le village constate ébahit du trophée que rapporte le vieil homme. Tout le monde peut enfin voir que Santiago n’est pas malchanceux et imagine le combat que le vieil homme a dû donner pour rapporter un Marlin si beau.

Bien que le vieil homme ne puisse pas gagner d’argent avec cette prise, il a regagné le respect de tous et surtout le gamin va pouvoir revenir pêcher avec lui. Finalement, cela ne se termine pas sur une fin heureuse où le vieil homme fait fortune avec ce poisson. Ce qu’il faut extraire de cette histoire c’est qu’il faut se donner les moyens de ses ambitions. Santiago « le champion » est sorti du rang des pêcheurs et est allé bien plus loin qu’il ne le faisait habituellement, il est sorti des sentiers.

Le résultat a été la plus belle prise que l’on aura vue à La Havane, mais il aura fallu se battre âprement et mettre sa santé en péril pour y arriver. Et encore, une fois le combat terminé, pour profiter de sa victoire il a fallu rentrer au village et se faire harceler constamment par ceux qui ne vivent qu’en profitant du travail des autres. Santiago a donc dû fournir de nouveau des efforts alors même qu’il avait obtenu ce qu’il souhaitait.

Comme dans beaucoup de petits récits, on peut penser à l’alchimiste de Paolo Coelho, il y a des idées à extraire. C’est le combat de l’homme contre ses ambitions, contre la nature et les moyens qu’il est prêt à mettre pour y arriver. On fait face également au fait d’accepter sa victoire, même si elle ne prend pas la forme de ce que l’on espérait. Ici, le vieil homme ne gagnera rien avec le Marlin, il offre même le rostre au gamin. Cependant, il regagne l’estime de ceux qui compte vraiment, son village et il va pouvoir repartir à la pêche avec Manolin.

Je ne peux que conseiller sa lecture. Au niveau de l’écriture en elle-même, c’est très simple. Je ne pense pas qu’il faille donner beaucoup d’importance à la forme, même si elle m’a plu et que je me suis plongé dans cette mer des Caraïbes dominée par le Gulf Stream.

Pour aller plus loin :

Pour retrouver le livre c’est ici : Le Vieil Homme et la Mer d’Ernest Hemingway (Folio)

Je ne sais pas si vous la connaissez, mais cette chaîne propose souvent des vidéos encourageant à la lecture, il y en ajustement une sur le Vieil Homme et la Mer. Je tiens à prévenir, la forme peut en dérouter et rebuter certains :

Pour ceux qui préfèrent écouter les livres plutôt que de les lire, je vous propose cette vidéo d’une personne dont j’apprécie le travail. Son ton et sa voix sont très agréables à l’écoute :

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